Matière(s) à jouer / Matière(s) à penser
8 Oct 2010SCÈNE DES CHERCHEURS N°3
Matière(s) à jouer / Matière(s) à penser
Le 13 novembre 2010
Dans le théâtre d’acteurs, matières et matériaux ne rentrent généralement en compte que pour la réalisation des décors et des costumes. Dans le théâtre de marionnettes ou d’objets, ils deviennent prééminents puisqu’ils contribuent à la nature même des personnages, à leurs capacités cinétiques, expressives, dramatiques. Puis, rangés de la scène, ils conditionnent la possibilité d’accéder aux traces les plus immédiates de spectacles disparus. Depuis sa naissance comme figure, sous les mains du sculpteur ou du marionnettiste, jusqu’à sa conservation dans le secret des boîtes d’archives ou les vitrines des musées, la marionnette est matière. Et cette matière, dans toute sa diversité, génère des contraintes, révèle des qualités, traverse des états qui méritent d’être examinés avec attention : ils sont en effet un puissant révélateur des réalités et des enjeux du théâtre de marionnettes, hier comme aujourd’hui.
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Présentation des deux tables rondes
> Du matériau à la fable
En 1957, Yves Joly inventait avec Drame de papier un nouvel avenir à l’écriture dramatique. Dans cette création, un personnage de papier était violé par un ciseau qui le découpait, un autre était brûlé, entièrement : non son costume mais son corps, son être, son existence même. Ainsi le destin du matériau devenait-il à lui seul source d’émotion théâtrale.
Le papier est fragile, il se déchire, brûle, se froisse, se jette… La glaise est lourde, elle colle, croûte, se modèle, suinte d’eau, s’érige, s’étale… Le latex enrobe, il résiste, se plie, permet la flexion, l’ouverture… La terre boueuse inspire-t-elle les mêmes fables que les résines de synthèse, les calebasses, le sable, l’eau ou les éléments végétaux ? Le carton et le papier journal au service de la fabrication d’un personnage aboutissent-ils à la même personnification, aux mêmes caractères ? Parlent-ils de la même façon de l’humain ?
Comment la matière dont est constituée le personnage marionnette influe-t-elle sur l’interprétation ? Comment interfère-t-elle avec l’écriture, voire la transforme-t-elle ? Jouer, re-jouer le monde… la matière inspire toute une geste de l’humain, dans le corps à corps qu’elle impose. Jusqu’où peut-elle devenir la matière même de la représentation ?
> Conservation, restauration, restitution
Quelle deuxième vie pour les marionnettes une fois qu’elles ne jouent plus ? La question de la conservation se pose avec une acuité particulière tant les matériaux utilisés pour la construction sont divers. Car l’imagination du marionnettiste est sans borne : matériaux périssables, éphémères, substances qui se décomposent ou se détruisent mutuellement… Autant de défis pour les conservateurs et les restaurateurs qui se trouvent alors face à un double questionnement : comment conserver et restaurer ces matériaux hétéroclites (ou parfois, plus modestement, comment ralentir leur vieillissement inéluctable) et quels objectifs se donner dans la restauration ?
Une marionnette, quand elle entre dans une institution patrimoniale, cesse généralement d’être utilisée sur scène. Mais elle rencontre parfois un nouveau public, celui des musées et des expositions. Partant, quelle doit être la finalité de la restauration : remettre la marionnette en état de jeu ? Rechercher la conservation la plus pérenne possible ? Maintenir ou bien effacer les traces de son utilisation ? Et pour quels destinataires ? Les regards croisés du conservateur, du chercheur et de l’artiste nous inviteront à repenser ces missions, à la croisée du souci de préservation du patrimoine et des questionnements liés à la recherche et à la pédagogie.
Merci de communiquer la présente information aux personnes susceptibles d’être intéressées.
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