Jacques Nichet
Message d’Ouverture des Etats Généraux par Jacques Nichet
Président d’honneur des Saisons de la Marionnette
Dario Fo n’a pas pu quitter Milan et Giacomo Léopardi me retient à Bobigny, mais je tiens à vous saluer fraternellement à l’heure où s’ouvrent nos Etats Généraux.
Vous avez toujours défendu la cause de la marionnette et aujourd’hui plus que jamais, vous appelez au renforcement de votre mouvement artistique. Vous avez raison, il faut continuer à faire reconnaitre davantage encore l’art majeur que vous faites vivre, un art en échappée libre, un art protéiforme qui ne cesse de se réinventer.
Aujourd’hui notre vieux monde se brise et se divise. On le voit se défigurer, non sans douleur, et chercher d’autres visages à prendre. Au milieu de tous ces déchirements, la marionnette reste une merveilleuse alliée : gardant une patience infinie et une résistance à toute épreuve, elle fait face, sait répliquer, réagir !
On peut reprendre encore et encore la devise du Bread and Puppet : « notre théâtre est une réponse à la société, à une société en état d’urgence ». Entre 1968 et 2008 certaines urgences ont changé, mais non l’état d’urgence.
Si nous avons choisi d’appeler notre assemblée « Etats Généraux », c’est bien parce que nous avons en tête cet état d’urgence. Et cela nous donne une force nouvelle pour avancer vers de nouveaux projets et de nouveaux succès ; c’est ce que souhaite de tout cœur votre président d’honneur.
Je donne maintenant la parole au « président du déshonneur qui vous accompagne depuis si longtemps et qu’il faut suivre les yeux fermés, car pour ce qu’il est de la bagarre, il s’y connaît le bougre, même à la dernière extrémité :
– La mort : Pulcinella… Pulcinella… Où vas-tu te coucher cette nuit ?
– Pulcinella : Je me couche dans mon lit
– La mort : je viendrais dans ton lit…je t’étoufferais !
– Pulcinella : Alors, je me coucherais … sous mon lit
– La mort : je viendrais sous ton lit …et je t’étoufferais !
– Pulcinella : Et moi je prendrais le pot de chambre plein de pisse et je te le foutrais à la gueule ! »
Vive Pulcinella et ses frères d’arme !
Vive les Etats Généraux de la Marionnette !