Etats Généraux 2
AMIENS : 28 et 29 mai 2010
……...La Maison du Théâtre / Le Tas de Sable
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Les Saisons de la marionnette feront leur « vraie fausse sortie » à Amiens les 28 et 29 mai prochains, en collaboration avec la Maison du Théâtre et le Tas de Sable dans le cadre des « Etats Généraux 2 ».
Quoi de plus symbolique que de tenir ces nouveaux Etats Généraux dans le cadre d’un CDAM, après les avoir organisés une première fois avec le TJP /CDN de Strasbourg pendant des Giboulées ?
Au terme des Saisons de la marionnette 2007-2010, nous avons décidé de reprendre l’idée des Etats Généraux d’avril 2008 à Strasbourg, qui avaient alors permis de présenter l’ensemble des travaux effectués en 2007 dans les différents groupes de travail des Saisons pour les confronter aux publics – professionnels, artistes, intellectuels – invités à réfléchir sur ces premières constatations : ouvrir un espace public pour confronter la raison critique des uns et des autres.
Car les Saisons ont toujours été basées sur le principe de la rencontre s’appuyant sur la ténacité et la conviction. La réflexion nous a permis d’avancer sur l’analyse des problèmes de la profession pour pouvoir entrer dans le champ du politique. Nous avons mis en place un certain nombre d’actions pour rendre lisibles et visibles les arts de la marionnette. Cela nous a souvent amenés sur la voie du pragmatisme, le plus souvent pour des contraintes financières, tout en saisissant l’occasion d’emprunter les chemins de traverse dès qu’ils se présentaient.
Cela nous a conduits aussi à nous identifier et à identifier nos partenaires, pour mieux développer des liens devenus aujourd’hui naturels. En conséquence, mettre en commun nos expériences, créer des ouvertures et des passerelles, transcender des divergences, tout cela est devenu possible.
C’est ce qui a permis de nous retrouver au cœur politique des Saisons, à travers l’idée des Centres de Développement des arts de la Marionnette (CDAM) qui sont aujourd’hui devenus une réalité tangible puisque, de fait, sept lieux en France se retrouvent dotés d’un conventionnement ministériel « Lieux compagnonnage marionnette ».
En parallèle, rappelons que quatre Scènes conventionnées marionnettes et théâtre d’objets ont été créées depuis 2007.
Cette ébauche de structuration de la profession démontre que nous avions vraisemblablement posé les vraies questions. Mais des problèmes restent à l’étude qui nécessiteront l’ouverture d’un premier chantier sur les questions artistiques lors des Etats Généraux 2, où nous interrogerons les acteurs des CDAM ou des Lieux compagnonnage marionnette.
– L’artistique, au cœur de la préoccupation de ces lieux pour permettre un développement culturel durable dans un contexte en perpétuelle mutation.
– La persévérance politique à positionner l’artistique vis-à-vis de l’économie et du social.
– La création comme moteur essentiel du développement et du rayonnement d’un territoire.
– La recomposition de la réflexion sur la responsabilité des acteurs culturels passant des pouvoirs locaux jusqu’à l’état.
– La confrontation, dans la proximité du public et des acteurs de la création, en proposant les conditions propices à l’enrichissement réciproque : mettre le travail des artistes à l’épreuve du public pour toujours déceler la force des rapports entre le spectateur et le plateau.
La création n’est possible que si les questions de la production et la diffusion du spectacle vivant sont posées. D’où l’idée d’un deuxième chantier sur l’économie solidaire et sociale au service du spectacle vivant.
Comme nous avons travaillé avec des universitaires dans le cadre de « la Scène des chercheurs », il nous apparaît comme indispensable de nous entourer des possibilités que peut offrir aujourd’hui la recherche en économie solidaire et sociale. Ce temps de travail devra nous permettre de confronter cette réflexion avec des expérimentations remarquées sur le terrain.
Au-delà des outils économiques existant dans ce domaine et face aux rapports de forces entre la profession et les institutions – en particulier les collectivités locales qui peuvent amener la commande publique ou l’instrumentalisation – se pose, au bout du compte la question essentielle : qu’est-ce qu’un geste artistique ?
Enfin un troisième chantier pourrait être de l’ordre de la philosophie de notre art, en reprenant l’idée des « Points de vue » développés tout au long des Saisons de la marionnette : que peut apporter le philosophe pour mesurer la distance, si elle existe, entre les chantiers que nous avons ouverts et ce regard inattendu ? Ce serait aussi le moment de questionner autrement la réalité d’une époque complexe et troublante.
Ces Etats Généraux seront enfin l’occasion de nous confronter à cette pensée de Antonio Gramsci : « Il faut avoir une parfaite conscience de ses propres limites, surtout si on veut les élargir ».
Patrick Boutigny