le projet
Les Points de Vue
Je dis à Marie-Josée Mondzain :
« Vous êtes philosophe. On aime votre travail sur les choses. Vos réflexions sur les images. Voulez-vous venir philosopher avec nous sur les œuvres ? »
Elle me dit oui. : « On pourrait inviter pendant toute l’année des philosophes à regarder ce que des artistes ont regardé. Un effet de chaîne comme ça, voyez-vous ? Quelqu’un, un artiste, regarde quelque chose, en fait un spectacle ; ce spectacle, un philosophe le regarde et raconte à d’autres, les spectateurs en l’occurrence, comment lui, il a regardé tout ça. Voyez-vous ? Quelque chose comme ça. On pourrait voir ainsi comment on regarde. Comment on regarde ce que quelqu’un a regardé. Comment en regarde.
Voyez-vous ? Qu’en pensez-vous ? On pourrait faire ça.
Moi, je le vois comme ça ! Qu’en pensez-vous? »
Pascal Rambert
Gennevilliersroman 0708
(Les solitaires intempestifs) oct. 2007
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Les Saisons de la marionnette 2007/2010 sont une belle occasion d’alimenter la réflexion collective. Confronter d’autres formes de pensée à l’univers des Arts de la marionnette est un maillon essentiel de cette réflexion. Pour cela, une série de rendez-vous est envisagé, chacun cédant la parole à une personnalité extérieure au spectacle vivant. Celle-ci exposera, ainsi, son point de vue sur les arts de la marionnette contemporaine, tels qu’ils se déclinent aujourd’hui, et offrira des idées, sans aucun doute, nouvelles…
Le regard d’un anthropologue, d’un plasticien, d’un philosophe ou encore d’un scientifique, seront des traces nées de l’émotion et de la réflexion ; traces sur le chemin parcouru entre l’artiste et le spectateur. Nous savons tous que la scène n’est pas le lieu des certitudes ; elle produit de la sensibilité, des idées, des utopies nécessaires à la respiration humaine. Ces Point de vue rendront compte de l’éphémère, le temps de la représentation. Car ce que nous avons besoin, ce que nous recherchons à travers ces regards obliques, ce sont des « des ouvertures ou des entrebâillements sur un espace autre qui ne serait pas un autre monde mais notre monde compris autrement » (Philippe Jacottet).
Ainsi, nous cultiverons la relation exigeante et chaleureuse autour de la création, nous mesurerons la distance entre le regard d’un artiste et un regard inattendu, nous questionnerons autrement, à travers l’oeuvre artistique, la réalité d’une époque complexe et troublante, nous interrogerons la notion de passeurs de culture. C’est à un rendez-vous sensible que sont conviés ces personnalités et ces artistes dans une relation où la représentation au delà des émotions qu’elle déclenche doit être l’occasion d’engager un débat qui est celui des idées.
Aidés par cette action, nous plaiderons une cause sans doute, encore aujourd’hui, considérée comme incongrue. Cause qui réclame une même égalité de considération et de traitement pour toute forme de recherche, qu’elle soit scientifique, anthropologique, philosophique… et artistique, aussi fondamentales
les unes que les autres. En effet, toutes ces recherches par les voies de la raison et du sensible n’ont-elles pas le même projet, celui d’éclaircir notre propre représentation du monde, quelle qu’en soit son expression ?
Ces point de vue sont finalement des histoires simples, si nécessaires et tellement urgentes. Ils seront l’occasion d’une publication, un outil supplémentaire pour privilégier le jeu des relations entre les œuvres et les hommes.