Scène des chercheurs, 1ère édition
Retour sur les rencontres pluridisciplinaires du 4 octobre 2008 à la Bibliothèque nationale de France
Dans le cadre des Saisons de la Marionnette (2007-2010), la commission de travail « Patrimoine, Recherche, Edition » souhaite mettre en place un certain nombre d’outils destinés à faciliter et à stimuler la recherche dans les diverses disciplines s’intéressant aux marionnettes et aux théâtres d’objets : arts du spectacle, ethnologie, histoire, littérature, arts plastiques, nouvelles technologies, philosophie, psychanalyse et thérapies etc.
Par « chercheurs » nous entendons aussi bien les personnes se livrant à des investigations de type universitaire que les praticiens.
1- L’ENQUÊTE
La première étape de ce travail est une enquête auprès des chercheurs.
Vous trouverez ci-joint un questionnaire que nous vous remercions de bien vouloir nous retourner avant le 20 juin 2008.
Cette enquête a servi à :
– Dresser un tableau de l’état actuel de la recherche sur la marionnette, par l’inventaire des sujets traités en France et à l’étranger.
– Dresser, avec l’aide des partenaires de ces recherches (bibliothèques et musées de fonds à explorer, compagnies) une liste de sujets en latence.
– Faciliter la connaissance et la diffusion des travaux existants.
– Etablir un annuaire des chercheurs et praticiens afin de faciliter les échanges interdisciplinaires. Nota : si vous ne souhaitez pas que vos coordonnées soient communiquées, il suffit de le préciser dans le courrier qui accompagnera votre réponse à l’enquête.
– Tenter de dégager les besoins spécifiques des différents domaines de recherche et commencer à réfléchir aux réponses à y proposer.
Vous pouvez participer à cette étude en remplissant le l’enquête et en le retournant par mail à l’adresse suivante : contact@themaa-marionnettes.com.
Ou bien en utilisant la version imprimable que vous retournerez à l’adresse suivante :
THEMAA 24 rue Saint-Lazare 75009 Paris.
2- LA JOURNEE DE TRAVAIL DU 4 OCTOBRE 2008
Le 4 octobre 2008 a eu lieu à la Bibliothèque nationale de France la première journée de rencontres pluridisciplinaires des chercheurs sur la marionnette, organisée par THEMAA et la commission « Patrimoine, Recherche, Édition » des Saisons de la Marionnette (2007-2010).
S’y sont rassemblés ethnologues, sociologues, philosophes, historiens, spécialistes d’arts du spectacle, d’arts plastiques, de littérature, de musicologie, juristes, pour interroger les difficultés de la recherche sur les marionnettes et arts associés, ses spécificités, ses lacunes, ses méthodologies, son rapport avec les pratiques, mais aussi pour faire connaissance et commencer à mettre en place un réseau qui permette de faciliter les échanges et la complémentarité des compétences des chercheurs sur la marionnette entre eux, dans leur diversité, mais également avec des chercheurs de disciplines « tangentes » (par exemple : chimistes, pour les questions de conservation des matériaux, historiens de la dentisterie pour l’histoire ancienne des marionnettes foraines etc.)
La journée s’est déroulée dans une remarquable atmosphère de convivialité et d’enthousiasme, rassemblant un peu plus de 80 personnes : jeunes chercheurs, universitaires, praticiens, responsables d’institutions, qui ont dialogué de façon constructive autour des différents problèmes soulevés.
La journée s’est ouverte avec le passage de relai entre Noëlle Guibert et Joël Huthwolt à la direction du département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France et à la présidence de la commission « Patrimoine-Recherche-Edition » des Saisons de la Marionnette. Patrick Boutigny (THEMAA), a ensuite rappelé les objectifs de cette première journée de rencontre et de travail.
La matinée a été consacrée à une table-ronde où 5 doctorantes ou jeunes docteurs (Hélène Beauchamp, Emmanuelle Ebel, Raphaèle Fleury, Marie Garré-Nicoara, Ly-lan Magniaux) ont évoqué chacune les 2 principales difficultés propres à la marionnette rencontrées au cours de leur recherche :
– Le flou de la terminologie
– Problèmes de collecte, manque de théorisation spécifique à la réception de la marionnette pour les travaux interrogeant la réception des spectacles de marionnettes.
– Articulation avec le travail pratique des artistes. Quelle peut être la place de l’université dans un dialogue entre théorie et pratique ?
– Les problèmes historiographiques : des ouvrages fondamentaux qui ne comportent pas de notes de bas de page, leurs sources sont donc non vérifiables, comportant parfois des erreurs qui sont ensuite reproduites en chaîne par les travaux qui les citent.
– Problème du lyrisme des commentaires et analyses. Un enthousiasme à la fois créatif et véhicule d’erreurs et de banalités.
– Peut-on parler d’ « écriture marionnettique » ? Y a-t-il des champs thématiques et stylistiques spécifiques à la marionnette ? ouverts par la marionnette ? quels territoires privilégiés ?
– Problème de la connaissance, compréhension et restitution de la dimension visuelle et technique (manipulation) – quand on n’est pas soi-même marionnettiste et – pour des spectacles pour lesquels on n’a presque pas de traces (contrairement à la dimension musicale du répertoire écrit où l’on peut s’appuyer sur un support).
– Périodes anciennes : difficulté de retrouver les sources concrètes en raison de pratiques populaires, orales. Nécessité d’entrer en contact avec des historiens des périodes anciennes, même s’ils ne sont pas spécialistes des formes théâtrales.
– Le manque de réseaux lié au problème de l’interdisciplinarité. Des travaux ont parfois été réalisés qui apporteraient des réponses à ces diverses difficultés, mais sont restés méconnus faute de diffusion et faute de mise en réseau des différentes disciplines.
Cette table-ronde a été suivie d’une heure et demie d’échange avec la salle, où tous les participants ont été invités à faire part de leurs idées, propositions, informations etc. Des fiches avaient été mises à disposition pour que chacun consigne par écrit les informations nouvelles afin que celles-ci soient compilées et viennent alimenter l’ensemble documentaire en cours de constitution.
L’après-midi fut consacré à des amorces de réponses aux problèmes soulevés le matin, ou du moins à un état des lieux de l’existant :
– Lieux-ressource : Agathe Sanjuan, ancienne conservateur de la Bibliothèque Nationale de France et désormais Conservateur-archiviste de la Comédie-Française a présenté les différents fonds consacrés à la marionnette présents au département des Arts du spectacle de la BNF, qui contient à la fois des textes, des photographies, des gravures mais également de nombreux objets et accessoires. Lucile Bodson, directrice de l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézière et Céline Bourrasseau, documentaliste, ont ensuite exposé les collections présentes au centre de documentation de l’Institut ainsi que les modalités de demande de résidences et de bourses de recherche. Simone Blazy, directrice du Musée Gadagne à Lyon, et Marion Oudot, documentaliste du Théâtre de la Marionnette à Paris ont-elles-aussi exposé l’histoire, les ressources et le mode d’accès à leurs fonds de documentation. Signalons également le fonds Gaston Baty de l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris III) et le centre de documentation belge représenté par Francis Houtteman, directeur artistique du Créa Théâtre.
– Méthodologies : Didier Plassard (professeur de littérature et arts du spectacle à l’Université Rennes II, spécialiste de la marionnette), Isabel Vazquez de Castro (maître de conférence de littératures et civilisations hispaniques à l’Université de Paris XII-Val de Marne, auteur d’une thèse sur la marionnette à Cadiz), et Denis Guénoun (philosophe, Université Paris IV-Sorbonne, dirigeant actuellement deux thèses sur la marionnette) se sont interrogés sur les difficultés et les atouts de la direction de travaux sur la marionnette et sur l’échange entre étudiant et directeur, en particulier dans la situation où ce dernier n’est pas spécialiste de la question.
– Diffusion : Evelyne Lecuq, rédactrice de plusieurs articles et de la bibliographie de L’Encyclopédie mondiale de la Marionnette (à paraître début 2009) a présenté un état des publications, de l’existant et des lacunes. Elle a en particulier insisté sur l’absence totale de documentation concernant certaines zones du globe, et sur l’urgence de mettre en place des traductions de documents et de travaux importants réalisés dans des langues parfois rares. Sylvie Martin-Lahmani (directrice de rédaction de la revue de l’UNIMA, E pur si muove !, chargée d’enseignement sur les institutions du spectacle à l’Université Paris IV) et Eric Minnaert (ethnologue, marionnettiste au Théâtre du Petit Miroir) ont quant à eux mené l’enquête sur les enseignements existant à l’Université qui traitent de la marionnette, notamment dans les disciplines artistiques et les sciences humaines.
Un travail d’inventaire est également en cours à propos des ressources documentaires et de la diffusion par les revues et par internet.
Après l’intervention de Stanka Pavlova, qui a témoigné de son expérience alliant pratique de la marionnette et recherche fondamentale, Alain Lecucq, président de THEMAA, a clôturé la journée en soulignant le dynamisme et le potentiel qu’ont manifesté ces premières rencontres, tant par le nombre des personnes rassemblées, que par la quantité et la diversité des domaines abordés. Il a présenté les perspectives d’avenir : la pérennisation de la journée annuelle de rencontres pluridisciplinaires des chercheurs sur la marionnette sous forme de colloque, la mise en place d’une revue consacrée à la recherche sur la marionnette sur le plan international (UNIMA), le projet de mise en place d’une liste de diffusion et d’un site internet avec un forum de chercheurs.
Cette journée de travail avait été préparée par une enquête adressée aux « chercheurs » sur la marionnette (universitaires, praticiens et autres professionnels en contact avec la marionnette), interrogeant ceux-ci sur leur domaine de recherches, sur les disciplines d’approche et sur les méthodologies utilisées. Pour l’instant, 37 chercheurs français et étrangers ont répondu à cette enquête diffusée par les réseaux de l’association THEMAA, de l’Institut International de la Marionnette et de la liste de diffusion « Dramatica » (réseau universitaire) : ceux-ci représentent des approches de la marionnette aussi variées que celles des sciences de l’homme (histoire, ethnologie, anthropologie, philosophie, sociologie), approches artistiques (arts du spectacle, langues et littératures, arts plastiques, musicologie), applications éducatives et/ou thérapeutiques, approches juridiques etc.
Notons qu’aucun praticien français de Marionnette et Thérapie n’a répondu, mais que deux chercheurs du continent américain (Brésil, USA) représentent dans cette enquête le champ de l’expérimentation thérapeutique de la marionnette.
Cette enquête et cette journée inaugurale vont également aboutir à la création d’outils destinés à faciliter le travail des chercheurs sur la marionnette : une liste de lieux-ressource en France et à l’étranger, une bibliographie mise à jour, et surtout, la mise en réseau des chercheurs le désirant. L’attente la plus fréquemment formulée dans les réponses à l’enquête concerne en effet ce dernier point.
Ces éléments seront publiés dès que possible sur le site des Saisons de la Marionnette.
Si cela n’est pas encore fait, n’hésitez pas à remplir à votre tour cette enquête et à la diffuser aux personnes qui vous semblent être concernées par la recherche sur les marionnettes, même de façon tangente.
Le MANIP n°17 (janvier-mars 2009) proposera un compte rendu détaillé de cette journée de rencontre ainsi que les résultats de l’enquête menée auprès des chercheurs.
Pour la commission « Recherche, Patrimoine, Edition » des Saisons de la Marionnette,
Raphaèle Fleury
3- LE COLLOQUE ANNUEL
La journée du 4 octobre a inauguré la mise en place d’un colloque pluridisciplinaire annuel sur la marionnette et les théâtres d’objet.
Chantiers de réflexion :
– Rapprochement entre chercheurs et praticiens.
– Ouverture à l’international.
– Connexions interdisciplinaires.
– La formation.
– …
Merci de communiquer la présente information aux personnes susceptibles d’être intéressées.