Travaux de la commission
Premier rapport de synthèse, octobre 2007
Etat des lieux
La commission s’est penchée sur les observations concernant la production et la diffusion de spectacles de marionnette afin d’observer ce qui est efficient et les évolutions actuelles des moyens et des réseaux de production et de diffusion. Pour cela elle s’est donné deux moyens d’étude : un état des lieux des initiatives et des réalisations récentes qui ont contribué à promouvoir la marionnette, et un état des lieux des conditions de production et de diffusion des spectacles de marionnette à ce jour.
Les initiatives à observer
De nombreuses initiatives très intéressantes ont été menées pour la promotion de l’art de la marionnette et des arts associés ces dernières années, il est nécessaire de faire le point sur ces initiatives et de les analyser.
Des expériences comme celles de Vélo théâtre à Apt ou le développement apporté à la marionnette dans le Finistère aujourd’hui sont exemplaires et doivent servir de précurseurs. Ces initiatives nous permettent de comprendre les leviers qui ont permis de promouvoir la marionnette auprès d’un public large et de donner une vitalité accrue aux compagnies. La formidable évolution de la diffusion des arts de la marionnette grâce aux tremplins que constituent ces structures ouvre la voie à un renouvellement de l’approche de la production et de la diffusion pour les créateurs contemporains.
Ces expériences ont révélé que l’ancrage d’une compagnie dans un terrain local et le soutien des tutelles a permis à des compagnies de réaliser un réel travail de sensibilisation du public et l’a attelé aux formes les plus complexes avec une réelle réussite. La mise à disposition d’un lieu de création a constitué un tremplin non négligeable pour les compagnies qui ont rapidement soutenu de jeunes compagnies émergentes bénéficiant de la vitalité du contexte de la création aussi bien en ce qui concerne les moyens techniques de la production que ceux de la diffusion mais aussi de l’expérience professionnelle de leurs prédécesseurs assurant dans la mesure de leur moyen un suivi de formation continue auprès des nouveaux venus.
Ces niches de la marionnette ont petit à petit intéressé des diffuseurs locaux et régionaux intrigués par l’accueil enthousiaste du public, qui se sont petit à petit intéressés à ces formes marionnettiques jusque là très peu diffusées.
Ces initiatives sont riches d’enseignements et révèlent de nouveaux réflexes de production et de diffusion auprès du public.
Conditions de production et de diffusion des spectacles de marionnette aujourd’hui
Il paraissait impossible de mener une réflexion valide sans faire un état des lieux précis et détaillé des conditions de création des compagnies, de leurs besoins, des obstacles sur lesquels elles buttent dans leur travail de diffusion et de production des créations. Il a donc été envisagé d’envoyer un questionnaire aux compagnies posant des problématiques précises et demandant un maximum de détails sur leur situation actuelle de création et leur projection sur les années à venir. Le questionnaire a pour objectif de rechercher des critères de professionnalisation idéaux afin de tenter de trouver les moyens de s’en approcher le plus possible, ces critères ne doivent pas devenir des normes suspensives.
Afin que ce projet puisse être réalisé au mieux et au plus vite, la commission a choisi de se centrer sur un terrain restreint à l’Alsace. Cette région a été choisie comme territoire d’expérimentation car elle était assez représentative de ce que l’on pouvait retrouver en France, des compagnies conventionnées (trois compagnies en conventions sont des compagnies de théâtre d’objets, d’ombres et de marionnettes), des compagnies ayant l’aide à la production (qui sont aidées très régulièrement) et des jeunes compagnies émergentes. On y trouve à la fois des lieux qui diffusent, produisent, et des festivals.
C’est aussi un terrain connu par les différents membres ce qui facilite la faisabilité de ce projet et ce qui ne peut que permettre à la commission d’avoir une analyse plus fine des résultats obtenus.
Il s’agit donc de la création d’un projet pilote qui se réaliserait sur l’Alsace et qui pourrait ainsi être un champ d’expérimentation pour la commission afin de donner corps aux propositions qui émanent de ses membres.
Le manque indiscutable d’un réel réseau de diffusion est pointé au cours de cet état des lieux. Du fait de la faible connaissance du public des formes contemporaines de la marionnette cet art nécessite un soutien de la part du réseau de diffusion qui, par sa faiblesse ne peut lui assurer cette reconnaissance. Les diffuseurs connaissant très peu les paysages de la marionnette, ne peuvent s’engager avec des compagnies dans une prise de risque nécessaire. La faiblesse des réseaux de diffusion entraine la faiblesse des réseaux de production et constitue un frein considérable aux artistes à ce jour.
Problématiques et enjeux
Plusieurs points ont été relevés au cours de l’état des lieux qui a été mis en branle par la commission. Ces points apparaissent comme les grands enjeux de la création marionnettique dans les temps à venir :
o Les enjeux d’une mutualisation des besoins et des moyens
o Le développement des initiatives locales de coproduction ou d’aide à la production
o Le renouvellement des réseaux de diffusion
o La création de pôles de ressources régionaux
Ces grands axes de réflexion sont explorés par la commission qui met en place un certain nombre de propositions. Ces propositions seront, dans la mesure du possible expérimentées sur le terrain afin d’être affinées et de pouvoir être soumise aux discussions les plus pointues. La commission étant avant tout une force de proposition.
Il s’agit d’après notre état des lieux de promouvoir un ancrage local fort des compagnies afin qu’elles puissent bénéficier d’un terreau propice à la création. Cet ancrage serait relayé par un réseau de diffusion solide et exigeant du point de vue artistique, ouvrant la porte à une diffusion nationale et internationale des créations.
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Propositions
Les enjeux d’une mutualisation des besoins et des moyens
Une des opportunités de pérennisation du travail des compagnies passe, semble-t-il, par une organisation des artistes afin de limiter les prises de risques par des solidarités de moyens. A quels niveaux et dans quelles mesures peut-on mutualiser des moyens pour des compagnies ?
Un fichier très précis sur les diffuseurs et les lieux qui travaillent en direction de la marionnette est évoqué. Il pourrait être très utile pour les jeunes compagnies qui ont très peu de temps à consacrer à la diffusion. Mais comment pérenniser et diffuser une telle démarche ?
Le questionnaire envoyé par la commission aux compagnies régionales vise à mieux comprendre les besoins des compagnies et les aides qui pourraient leur permettre de pérenniser leur structure. La commission imagine des possibilités de mutualiser les besoins (formation professionnelle continue, interlocuteurs compétents, réseau de diffusion..) et les moyens (matériel, locaux, administration…).
Pour mener cette réflexion, la commission envisage de se pencher sur les expériences menées à la Maison Théâtre de Montréal ou au Nouveau Théâtre du Huitième à Lyon.
Le développement des initiatives locales d’aide à la création
La commission envisage de proposer aux différents partenaires institutionnels (DRAC, Régions, départements, villes et communauté urbaine, village investissant dans la culture) de se retrouver pour réfléchir aux ajustements des différentes politiques culturelles pour trouver une cohérence de fonctionnement. Réunir les représentants des tutelles et les représentants des structures artistiques et des compagnies permettrait de donner corps à de nouvelles initiatives locales de soutien à la création en mutualisant les efforts des différentes tutelles afin qu’ils soient plus efficaces. L’objectif sera toujours le même : soutenir mieux la création et les compagnies. Ce travail de collaboration entre tutelles allègerait les charges administratives des compagnies et renforceraient les projets artistiques. Cette réflexion est encore à l’état de proposition, la commission s’interroge sur les bénéfices et les effets pervers que susciterait une politique culturelle ajustée ?
Un objectif à plus long terme serait de créer un terrain de confiance et de partenariat. Aujourd’hui beaucoup de compagnies ont besoin d’un lieu de résidence, et beaucoup de centres culturels pensent qu’ils ne peuvent pas être des lieux de résidence. Être un lieu de résidence pour une compagnie, ce n’est pas donner des millions à une compagnie. C’est, par exemple, prêter une salle, sans qu’elle ait besoin de payer l’électricité ou le loyer ; cela peut être un bureau, un fax, un téléphone, un interlocuteur attentif qui peut aider la compagnie dans ses démarches. C’est déjà une possibilité pour les artistes de bénéficier de conditions de travail plus efficaces et de toucher un public de proximité.
Le renouvellement des réseaux de diffusion
Il faut arriver à convaincre le diffuseur de devenir producteur, cela passe par une sensibilisation des diffuseurs à la pertinence des projets artistiques marionnettiques.
Un fichier très précis sur les diffuseurs et les lieux qui travaillent en direction de la marionnette est évoqué. Il pourrait être très utile pour les jeunes compagnies qui ont très peu de temps à consacrer à la diffusion. Ce fichier devrait être informatisé et consultable sur internet mettant en place un réel support de travail pour les diffuseurs.
Un questionnaire a été conçu par les membres de la commission à destination des diffuseurs afin de faire un état des lieux de la connaissance et de l’engagement des diffuseurs en direction de la production marionnettique. L’enjeu de ce questionnaire est d’avoir des réponses qui permettent de travailler aussi avec les diffuseurs et les producteurs. L’objectif non dissimulé serait de développer/créer un réseau qui soit le plus renseigné possible et à la disposition des compagnies. Ce questionnaire a été adressé aux diffuseurs et aux producteurs d’Alsace (toujours dans un souci de faisabilité et ce dans une volonté d’interroger une zone type qui serait représentative).
Pour rapprocher les diffuseurs et les compagnies, la commission propose d’expérimenter un travail de sensibilisation pour les diffuseurs.
Cette expérience se réaliserait en deux temps :
- Le premier temps serait composé d’un échange autour des pratiques artistiques.
- Le second temps consisterait en une approche des spectacles et un séminaire animé par des artistes et des chercheurs.
L’enjeu de ce « chantier croisé » serait de proposer aux diffuseurs de déplacer le regard qu’ils portent sur les créations de marionnettes.
Un projet pilote est en cours d’élaboration pour le premier trimestre 2008 auprès des diffuseurs de la région Alsace.
L’appui que constituerait un réseau de diffusion et de production éclairé et exigeant, permettrait de donner des opportunités de prises de risque artistiques plus grandes pour des compagnies aux propositions novatrices lorsqu’elles auraient un besoin de visibilité… Ce soutien permettrait aux arts de la marionnette et des arts associés de conserver leur vitalité et leur capacité d’innovation artistique sur le long terme.
La création de pôles de ressources régionaux
La création de pôles de ressources régionaux serait l’outil idéal pour la mise en œuvre des réflexions soulevées par la commission. Ces centres pourraient assurer les fonctions suivantes :
– Rassembler et diffuser les informations aussi bien pour les compagnies que pour les diffuseurs. Le fichier de diffuseurs entretenu et mis à jour serait mis à la disposition des compagnies et un fichier concernant les spectacles et les compagnies constituant une ressource fiable et documentée pour les diffuseurs. Le pôle de ressource pourrait à ce niveau jouer un réel rôle d’expertise. En Alsace, la DRAC semble capable de lancer une telle initiative.
– Ce travail doit être réalisé avec les outils contemporains et un site internet est envisagé au sein de la commission.
– Ce pôle de ressource doit réunir des ressources documentaires et bibliographiques à la disposition des artistes et des chercheurs.
– Il aurait aussi pour vocation d’être un outil pour prendre en charge les besoins des compagnies (formations professionnelle continue, réseau de diffusion) ainsi que leurs besoins matériels (lieux de résidence, locaux…)
– La promotion des démarches artistiques pertinentes mais plus difficiles à défendre ferait partie de ses attributions.
Ce document constitue une première étape de travail. Nous dépouillons les questionnaires, une série de rencontres est prévue.